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Hiroshima - 1

Peace Memorial -
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Notre séjour à Hiroshima fut un des plus émouvants moments passés au Japon. Nous y avons fait le plein d'Histoire au Mémorial de la Paix, avons vécu de merveilleux et touchants instants avec notre hôte Moeko et toute sa famille et cherché l'apaisement sur la belle et paisible Miyajima Island. 

Le Memorial de la Paix

Il y a des choses que l'on croit connaître, parce que l'on a lu un livre ou que l'on a vu un reportage, que les médias en parlent de temps en temps, ou parce que simplement « c'est connu Â».

Visiter Hiroshima, son Mémorial de la paix et le parc attenant, c'est percuter l'Histoire, prendre conscience de l'horreur de la guerre et de l'immense pouvoir destructeur de l'Homme sur ses semblables. Ecrire ces lignes me replonge dans la profonde tristesse et le désespoir que j'ai ressenti en visitant ce site.

 

 

Le dôme et le mémorial

 

Conservé tel un symbole de paix, le « Dôme de la bombe A Â», ancien centre commercial dont une partie de la structure a survécu par miracle au bombardement, projette son ombre fantomatique sur les bords du fleuve, à quelques mètres de la cible initiale du tristement célèbre bombardier Enola Gay : le pont Aioi.

Exposées au Mémorial, les images bouleversantes de l'ancien quartier, soufflé en quelques secondes par la bombe atomique et dont ne subsiste absolument rien si ce n'est quelques squelettes de bâtiments dont les vestiges du Dôme.

 

 

 

 

 

Les témoignages

 

Dans le parc, un attroupement nous intrigue ; un homme est en train d'installer quelques présentoirs à photos avec un texte traduit en différentes langues le présentant comme un « hibakusha Â» (= « survivant de la bombe A Â») : sa mère était enceinte de 4 mois lorsque la bombe atomique à réduit Hiroshima en brasier humain. De nombreux classeurs que cet homme, Mito Kami, a patiemment renseignés, présentent informations historiques, articles de presse, mais surtout témoignages de sa famille ainsi que son point de vue personnel sur la catastrophe, le point de vue meurtri d'un homme qui a vu sa famille souffrir même des années après l'événement.

On y trouve notamment un texte de sa mère qui, comme de nombreux autres survivants, a finalement accepté de raconter l'horreur après des années de silence.

Briser ses propres tabous pour transmettre l’Histoire aux générations futures, par nécessité du devoir de mémoire.

 

Nous avons passé plus d'une heure à lire au bord de l'eau, plongés dans l'Histoire qui se trama autour de nous il y a maintenant plus de 70 ans.

Au sous-sol du Mémorial, une femme, fille de victimes également, organise bénévolement plusieurs conférences par jour pour rendre publiques les souvenirs de ses parents ; c’est encore avec la voie tremblante qu’elle évoque le traumatisme vécu par sa famille le jour du bombardement et les années qui ont suivi.

 

 

Ce matin-là

 

On se plonge donc, à travers les yeux des victimes, dans la ville d'Hiroshima, ce 6 août 1945.

 

Il fait beau ce matin-là, le ciel est clair.

De nombreux étudiants, mobilisés par la ville, prêtent main forte dans les usines du centre. Il est encore tôt, la journée commence tout juste pour les travailleurs. Relativement épargnée par les bombardements américains et la fin de la guerre approchant, Hiroshima est plutôt considérée comme une ville sûre et l'activité reste intense.

 

Soudain, le vrombissement d'un avion militaire se fait entendre ; un engin américain survole Hiroshima, puis disparaît. Une vingtaine de minutes plus tard, l'alerte est levée et chacun reprend son travail..

 

Il faisait beau ce matin-là, le ciel était clair.

Conditions optimales pour un repérage militaire.

 

C'est alors qu'un second avion, l'Enola Gay, sur les instructions du premier, surgit dans le ciel paisible d'Hiroshima, libère son engin de mort, prenant de court toute la population. Selon les témoignages, personne n'aurait pu prévoir cela. Quelques secondes plus tard, à 8h15, la bombe nucléaire «Little Boy Â» explose à 600 mètres du sol ; la boule de feu au cÅ“ur de plusieurs centaines de millions de degrés carbonise tout le centre-ville, tuant instantanément 70 000 personnes et irradiant la zone. Hiroshima se trouve plongée dans un véritable Enfer sur Terre. « Je me souviens avoir vu un jour une peinture de l'Enfer : exactement les mêmes couleurs, noir, marron, rouge. Â» racontera plus tard une des rescapées.

Quelques heures plus tard, une pluie noire radioactive venait sournoisement s'abattre à son tour sur la ville, soulageant faussement les blessures, semant invisiblement la maladie et la mort au milieu des survivants.

 

 

Le traumatisme

 

On comprend aisément que l'horreur des événements ait traumatisé grand nombre de survivants au point de les plonger dans le silence. Quartiers rasés, corps carbonisés, cris des habitants agonisants que l'on ne peut aider, manque d'eau, peau en lambeaux, prolifération des asticots sur les blessures, organes brûlés aux radiations, vomissements de morceaux d'intestins... En cherchant leurs familles, les survivants qui étaient en dehors de la ville au moment de l'explosion se sont exposés aux radiations.

De nombreuses personnes ont contracté par la suite de graves maladies. Comme cette petite fille, Sadako Sasaki, 2 ans au moment du bombardement, en bonne santé, qui fut atteinte d'une leucémie 10 ans plus tard. Une légende japonaise raconte que plier 1000 grues en origami permet de recouvrer la santé. Sadako plia des milliers de grues, espérant guérir, mais ne survécu pas. Elle en est devenue un symbole de paix. Pour rendre hommage à son acharnement contre la maladie et à la mémoire de son histoire tragique et de celle de tous les enfants de la ville morts à cause de la guerre, un monument aux grues en papier a pris place au milieu du parc. De la couleur et des messages d'espoir et de paix contre la violence.

 

 

Je ne pensais pas que la visite serait si marquante, je reste extrêmement choquée par ce que j'ai vu ce jour-là, par ce que j'ai imaginé au travers des témoignages. Une question étrange me trotte dans la tête: quel était l'état d'esprit du pilote ce jour-là ? J'apprends en fouillant sur internet que Paul Tibbets a toujours assumé sa mission, n'a jamais eu aucun regret, et s'est toujours senti fier d'avoir « mis fin à la guerre Â». J'en reste abasourdie.

 

Photos, vidéos, reconstitutions, explications sur les maladies engendrées par les radiations, histoires tragiques... Le Mémorial et le parc sont des témoignages primordiaux de l'Histoire de l'Humanité, tristement émouvants, dont chacun devrait prendre conscience pour que plus jamais l'Histoire ne se reproduise.

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La cloche de la paix, dans le parc du Mémorial

Le pont Aioi et le Dôme de la bombe A

Les classeurs de Mito Kami

Les vestiges du quartier reconstitués dans le Mémorial

Une maquette situant l'épicentre de l'explosion dans le ciel d'Hiroshima

Le monument à la mémoire de Sadako Sasaki

Une colombe de la paix en origamis

Cliquer sur les photos pour les afficher en diaporama

Le lendemain de notre visite du Mémorial, la Corée du Nord affirmait fièrement avoir effectué avec succès un nouvel essai nucléaire.

Je ne peux m'empêcher de citer A. Einstein : Â« Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue." 

 

Créations en origamis célébrant la Paix - Parc du Mémorial

 Accéder à la seconde partie : notre rencontre avec Moeko et la visite de Miyajima Island

(cliquez sur l'image)

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